Des nouvelles du front cinématographique (50) : Sarkozy, la politique, le cinéma

La Conquête (2011) de Xavier Durringer

1/ Les (re)lectures consensuelles de Patrick Rotman

En guise d’introduction, un mot concernant le scénariste de La Conquête. Patrick Rotman s'est fait connaître pendant les années 1980 pour avoir écrit en collaboration avec Hervé Hamon plusieurs ouvrages documentaires qui furent en leur temps des succès de librairie : Les Porteurs de valises. La Résistance française à la guerre d'Algérie (éd. Albin Michel, 1979), La Deuxième gauche, histoire intellectuelle et politique de la CFDT (éd. Ramsay, 1982), les deux volumes de Génération (tome 1. Les années de rêve, éd. Seuil, 1987 ; tome 2. Les années de poudre, éd. Seuil, 1988). En 1992, il collabore avec Bertrand Tavernier pour la réalisation du film documentaire La Guerre sans nom consacré aux témoignages des appelés lors de la guerre d'Algérie. D'autres films documentaires suivront, portant tantôt à nouveau sur la guerre de libération du peuple algérien contre la présence coloniale française (comme L'Ennemi intime en 2002 dont il tirera à la fois un livre la même année, ainsi qu'un film de fiction réalisé par Florent-Emilio Siri en 2007), tantôt s'attachant à conter l'histoire de la politique française dans le miroir du parti communiste (La Foi du siècle. L'histoire du communisme réalisé en 2005 avec Patrick Barbéris) ou bien dans celui de la trajectoire de Jacques Chirac (c’est le diptyque Chirac, le jeune loup et Chirac, le vieux lion diffusé en 2006).

 

 

L'essayisme historique et politique pratiqué par Patrick Rotman est victime des défauts de ses qualités : si chez lui le journaliste est capable de brasser les faits afin de brosser de grandes synthèses narratives, c'est l'historien qui pâtit de cette dynamique, souffrant que la complexité structurelle des événements et des époques ne se trouve alors réduite au rôle d'arrière-plan illustratif soutenant la valse d’ombres des grandes dates et des grands noms.

 

 

Plus grave d’un point de vue politique, la guerre d'Algérie regardée par Patrick Rotman ne l'intéresse pour autant qu'elle est censée démarrer en novembre 1954 avec les premières actions violentes du FLN, faisant semblant (comme dans L'Ennemi intime) d'oublier l’analyse des 130 années de colonisation et d'asservissement, d'expropriation et d'oppression du peuple algérien qui ont politiquement légitimé, y compris violemment, la lutte pour l'indépendance. Ou bien, dans La Guerre sans nom cette fois-ci, la violence du fait militaire n'est uniquement considérée que du point de vue militaire français, escamotant ainsi le rôle et la légitimité de l'autre camp qui a tout autant, sinon plus en termes matériels, humains et sociaux, profondément souffert de s'être libéré de la tutelle coloniale française.

 

 

Enfin, concernant le moment de Mai 68 sur lequel Patrick Rotman est revenu à plusieurs reprises, l'événement se trouve, dans la lecture révisionniste (au sens premier de révision conservatrice, de relecture consensuelle) qu'en fait l'auteur, comme vidé de la pluralité de ses contenus sociaux et politiques spécifiques (la triple crise de légitimité de l'impérialisme étasunien, du gaullisme, comme du communisme stalinien, mais également la transformation structurelle du salariat et la modernisation durable des rapports sociaux de sexe), au seul profit de la promotion de l'axe générationnel envisagé comme l’explication en dernière instance. Un ouvrage comme La Deuxième gauche, histoire intellectuelle et politique de la CFDT apparaît rétrospectivement significatif, et même symptomatique de la trajectoire intellectuelle et politique de Patrick Rotman, un auteur dont les indubitables convictions d'homme de gauche et de progrès ne dépassent pas le cadre idéologique d'une social-démocratie devenue aujourd'hui obsolète par la virulence sociale et économique d'un néolibéralisme dont elle aura au bout du compte rendu possible l'avènement.

2/ Faire des films politiques ou faire politiquement des films :

La victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007, telle qu'elle est contée dans le film de fiction La Conquête réalisé par le solide réalisateur et metteur en scène de théâtre Xavier Durringer, est soumise aux effets plombés d’une relecture révisionniste, plus précisément réductionniste, et donc structuralement homologue aux visions défendues par Patrick Rotman, de la guerre de libération nationale algérienne à Mai 68. Passons sur la musique ronflante (et fatigante à force d’être quasiment ininterrompue) du compositeur italien Nicola Piovani, autrement mieux inspiré quand il travaillait à accompagner l’expression de la fureur contestataire de Marco Bellocchio (depuis Au nom du père en 1972), des rêveries des frères Taviani ou du Federico Fellini de l’époque de Ginger et Fred (1985) et La Voix de la lune (1990), ou encore de l'amertume mélancolique des films de Nanni Moretti à partir de La Messe est finie (1986). En même temps que cette partition participe au même mouvement révisionniste car réductionniste affectant la perspective diégétique défendue, puisqu'elle rabâche continûment le même et simpliste motif du battage où seraient censés converger et s'identifier foire médiatique et batelage politique.

 

 

Passons également sur un casting certes prestigieux puisqu'il offre sur son plateau rutilant les interprétations du sociétaire de la Comédie-Française Denis Podalydès (dans le rôle de Nicolas Sarkozy), de Bernard Lecoq (dans celui de Jacques Chirac), de Samuel Labarthe (dans celui de Dominique de Villepin), de Hippolyte Girardot (malgré son étonnante ressemblance avec François Hollande, dans le rôle de Claude Guéant), de Dominique Besnehard (dans celui de Pierre Charon), de Michèle Moretti (dans celui de Bernadette Chirac), mais qui hélas propose de substituer aux paradoxes productifs du comédien défendus naguère par Denis Diderot les vertus simples et comiques de l'imitation et du « frégolisme » (aurait dit le critique Barthélémy Amengual lorsqu’il évoquait de façon critique la performance du duo d’acteurs Sabine Azéma et Pierre Arditi dans le diptyque Smoking / No Smoking d’Alain Resnais en 1993) chères aux émissions de télévision de Patrick Sébastien. A mille lieux, pour prendre le contre-exemple idéal, de la magnifique incarnation proposée par Michel Bouquet du personnage de François Mitterrand dans Le Promeneur du Champ de Mars (2005) de Robert Guédiguian, véritable réussite actorale où un comédien savait trouver l’espace où rester soi-même et incarner une figure historique contemporaine et imposante se combinaient dans un équilibre métastable passionnant.

 

 

Passons enfin sur les ressorts faibles d'une dramatisation qui fait s'alterner sans surprise l'emballement et la surchauffe de la machine sarkozyste avec les couacs conjugaux du couple Sarkozy (avec Florence Pernel dans le rôle de Cécilia S.) dont les scènes de ménage souffrent d'être mal tournées, mal jouées, aussi ringardes et peu crédibles que celles d’un soap-opera. La curiosité était donc de mise pour un film présenté hors-compétition lors du dernier Festival de Cannes, alors même que l'actualité médiatique était tout électrisée par l'affaire Dominique Strauss-Kahn, et qui était censé enfin pallier aux insuffisances, voire à la couardise d'un certain cinéma français qui se veut populaire, mais encore trop timide (quand on le compare par exemple au cinéma hollywoodien) par rapport à la fictionnalisation de la chose politique envisagée jusques et y compris dans sa plus chaude actualité.

 

 

Le seul exemple précédent, Le Candidat en 2006 avec Yvan Attal (de et avec Niels Arestrup), n'était pas vraiment convaincant. Quant à l’oubli de la vieille recommandation godardienne selon laquelle l’important consiste moins en la réalisation de films politiques (les fameuses « fictions de gauche » donneuses de leçons durant les années 1970) qu’en l’idée de réaliser politiquement des films (avec d’autres bases économiques ou avec d’autres principes esthétiques, comme ce fut le cas avec les collectifs ou groupes Medvedkine, Dziga Vertov ou encore Cinéthique au mitan des années 1960 et 1970), il témoigne de la dépolitisation de notre temps qu'exprime presque malgré lui, comme un symptôme idéologique, La Conquête (mais aussi à l'autre bout du spectre idéologique l'exercice de didactisme militant qu'était De la servitude moderne). Notamment en raison du fait que le film de Xavier Durringer et Patrick Rotman, comme on va maintenant le voir, s'aveugle et /ou nous mystifie en défendant l'idée que, « comme dans une tragédie antique ou dans un film français ou états-unien des années cinquante, le destin des peuples ou le dénouement de l'histoire est conditionné aux décisions de leurs chefs et à l'issue de la bataille de leurs egos » (Thierry Guilbert, L'« évidence » du discours néolibéral. Analyse dans la presse écrite, éd. Croquant, 2011, p. 103-104).

3/ Les jeux de la personnalisation et la dépolitisation des enjeux :

Sur le plan esthétique, La Conquête ne dépasse pas les ambitions formelles d'un téléfilm produit par France Télévisions par exemple. Ce qui n’est pas un problème, sauf du point de vue de l’art du cinéma. Le minimum syndical en termes de réalisation rend aussi beaucoup plus prégnants les trois grands défauts du film. C’est en premier lieu sa construction narrative, établie sur le mode narratif ayant longtemps présidé au film noir. En effet, deux séries temporelles s’entrecroisent, d’une part la journée du second tour des élections présidentielles vécue heure par heure par le candidat de l’UMP ; et d’autre part le résumé des dernières cinq années où Nicolas Sarkozy a dû affronter à l’Élysée la haine du président Jacques Chirac et de son dauphin Dominique de Villepin afin de pouvoir légitimer sa position de leader de la droite pour les élections présidentielles. Cette manière narrative affirme du coup le caractère programmatique, quasiment destinal, de la victoire électorale de Nicolas Sarkozy. Il ne pouvait donc pas en aller autrement : les flash-back ont alors pour ambition fonctionnelle de montrer comment la réussite de 2007 est mécaniquement et irrésistiblement contenue dans les cinq années précédentes.

 

 

Le sous-titre implicite de La Conquête pourrait alors être L’Irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy, puisque sa perspective narrative prescrit, comme à la pire heure stalinienne du réalisme socialiste, la doxa de la nécessité historique et du futur nécessaire dans le présent dont le passé paverait tout aussi nécessairement et tout aussi mécaniquement le chemin balisé du présent et donc du futur. A l’encontre du modèle narratif de La Résistible ascension d’Arturo Ui (1941) de Bertolt Brecht dont l’allégorique portrait des brigandages capitalistes du nazisme n’avait de cesse d’exprimer que le réel de l’avènement de la bête nazie s’était toujours frotté avec le possible de sa défaite. A l’encontre encore des modèles heuristiques et historiques défendus par Walter Benjamin (Sur le concept d’histoire en 1940) et Siegfried Kracauer (L’Histoire, des avant-dernières choses publié à titre posthume en 1966) dont les positions anti-historicistes visaient la rédemption des possibilités du passé afin de briser la dialectique arrogante et bourgeoise de l’histoire pour laquelle les grands hommes écrivent les pages de leurs glorieuses aventures sur le dos des peuples et des classes vaincus et ainsi contraints au silence.

 

 

Chez Patrick Rotman, véritable auteur de La Conquête dont Xavier Durringer n’aura été que l’illustrateur filmique pas plus doué que les caricaturistes des quotidiens politiques du genre pénible de Plantu, Nicolas Sarkozy devait gagner, ne pouvait pas faire autre chose que gagner, avait déjà et depuis toujours gagné. Et c’est un autre défaut que de vouloir montrer que sa victoire électorale ne représenterait seulement que son triomphe sur son propre camp politique, en l’absence symptomatique des forces politique, sociales et économiques toutes fortement intéressées par une telle réussite, et pour lesquelles l’auteur ne consacrera qu’une ligne ou de deux de dialogues (une pour les patrons, une autre pour les médias, et puis basta). Criblé de mots d’auteur participant à l’appauvrissement des enjeux sociaux que traduisent les stratégies politiques au profit de la seule valorisation des jeux politiciens auxquels se livre un tout petit cercle de super-professionnels de la communication, La Conquête croit ou veut faire croire que le CPE ou les révoltes urbaines de novembre 2005 ne traduiraient pas autre chose que l’affrontement médiatique de marionnettes dignes des Guignols de l’info de Canal +. La vision schématique défendue par le film serait que, au fond, la politique ne serait qu’affaire de storytelling et de stratégies communicationnelles, de manipulations médiatiques et de « guerre des chefs (...) Cette schématisation a pour fonction de masquer les véritables questions posées par les opposants ou par l'existence d'une opposition dans la rue. On ne se demande pas pourquoi un certain nombre de citoyens est en désaccord et on ne lui donne pas la parole. Cette schématisation repose sur les dispositions personnelles des acteurs et non sur des conceptions et des revendications sociales » (Thierry Guilbert, opus cité, p. 105-106).

 

 

Ce faisant, et c’est le dernier défaut relevé ici, le film de Patrick Rotman et Xavier Durringer, en ajoutant, sous le prétexte faible de moquerie le pouvoir, du cynisme au cynisme déjà existant, parachève symboliquement la liquidation des programmes politiques prolongeant (alors que Nicolas Sarkozy a été élu sur un programme libéral et nationaliste dur dont il n’est absolument jamais question dans le film), et ainsi renforce paradoxalement les dynamiques sociales participant à la dépolitisation de l’action politique et de la chose publique concomitante de ses extrêmes personnalisation et médiatisation. C’est cette dépolitisation qui détermine aussi pour partie la dynamique des démobilisations populaires, électorales comme militantes (il faut  d'ailleurs voir comment le représentant CGT est traité dans le film, pauvre gars dont la protection slogandaire est trop bien facilement déstabilisée par Nicolas Sarkozy), et qui s’inscrit alors parfaitement dans le programme idéologique du néolibéralisme selon lequel le champ politique doit être subordonné aux prescriptions gestionnaires de l’expertise technocratique afin d’offrir la plus grande marge de manœuvre à l’initiative privée et la concurrence capitaliste. 

4/ Le virilisme de l’agir politicien : exploitation patriarcale et sexisme ordinaire chez les grands-bourgeois

Le cynisme rigolard, et en fin de compte bête et inutile pour le camp de l’émancipation, de La Conquête, ainsi que son modèle narratif programmatique et destinal participant à détruire le domaine dissensuel et politique du possible (« Du possible, sinon j’étouffe » prescrivait en son temps le philosophe Sören Kierkegaard) au nom de la domination consensuelle et écrasante de la réalité existante (« Le présent règne » comme le remarquait déjà Max Horkheimer à l’époque des années 1930), ne mériterait pas autre chose que l’analyse d’un bien de consommation culturelle saturé d’un contenu idéologique qui aura probablement dépassé la bonne conscience de gauche de Patrick Rotman et Xavier Durringer.

 

 

Une autre comparaison anéantirait définitivement les prétentions de La Conquête : Le Caïman (2006) de l'italien Nanni Moretti qui lui prenait au sérieux son objet (Silvio Berlusconi) en montrant notamment comment la démultiplication du personnage (dans les champs économique et politiques, sur les bancs de l'assemblée et à la télévision, dans les stades de football et dans le monde de l'édition ou du cinéma) aura été in fine déterminée par l'abandon de la gauche de l'espace public dont la responsabilité d'avoir laissé le champ libre à un adversaire de la démocratie (même bourgeoise) comme Berlusconi se trouvait du coup être avérée. On notera malgré tout la présence de deux éléments intéressants qui empêchent l’échec du film de Patrick Rotman et Xavier Durringer d’être complet, et qui témoignent d’un autre film seulement resté possible, et qui aurait été autrement plus passionnant.

 

 

Si La Conquête amuse malgré lui à vouloir nous faire croire que Nicolas Sarkozy est devenu président de la République française à la seule fin de répondre positivement au vœu ambitieux de sa compagne d’alors, le film touche du doigt la question du travail réel, mais longtemps resté invisible, dénié ou minoré, accompli par Cécilia Sarkozy dans l’ombre de son mari afin qu’il puisse s’exposer dans la lumière de la grâce sociale conférée à celui qui occupe la position de candidat éligible au poste de président de la République. Cécilia Sarkozy aura donc été moins victime des éruptions d’irascibilité de son compagnon parce qu’il fulminait d’accomplir sa revanche sociale en tant que meilleur représentant de la classe des dominants contre ses concurrents mieux dotés que lui en capitaux (notamment culturels, comme c’est le cas avec Dominique de Villepin). Si elle est une victime, c'est du système hétéro-patriarcal incarné par son mari et selon lequel les femmes sont ces ouvrières dont la force de travail est, sous couvert du partage de bénéfices symboliques, exploitée par des hommes trop heureux (et en tant que dominants, demeurant inconscients de ce profit) de disposer de telles ressources pour mener à bien leur entreprise.

 

 

Corrélativement, la contrepartie dialectique de l’existence de l’économie hétéro-patriarcale, dont les bénéfices obtenus dans l’espace domestique sont réinvestis dans le champ des luttes moins politiques que politiciennes, est représentée par l’extraordinaire sexisme dont font preuve sans exception les acteurs fréquentant les allées du pouvoir étatique. La morgue de parvenu de Nicolas Sarkozy s’acoquine aisément des formes habituelles du sexisme auquel cèdent les femmes qui, à l’instar de Rachida Dati (jouée ici par Saïda Jawad), espèrent pouvoir grignoter les miettes données à celle qui se sera dépensée sans compter pour la réussite du mâle dominant de la meute. Plus pertinent, sont le souci de distinction culturelle de Dominique de Villepin, ainsi que son masque de civilité et de politesse qui craquèlent et cèdent à la suite d’une même et ardente volonté de participer à un jeu dont le contenu symbolique archaïque identifie la lutte politique au viol des hommes virils triomphant sexuellement des hommes vaincus et, partant, féminisés afin d’accentuer symboliquement leur défaite.

 

 

De ce point de vue-là, La Conquête réussit de manière critique et in extremis à être le contemporain d’une époque où Dominique Strauss-Kahn, directeur du FMI et jusque-là meilleur candidat dans les sondages d’opinion pour représenter le PS aux prochaines élections présidentielles de 2012, peut bénéficier, à la suite de l'action judiciaire intentée à New York contre lui par une femme de ménage d’origine guinéenne l’accusant de tentative de viol, d’un crédit et d’un soutien politico-médiatiques suffisamment larges pour autoriser les pires arguments sexistes donnés par les militants de sa disculpation symbolique.

La Conquête est un échec cinématographique dans ses grandes lignes : parce qu’il dénonce la personnalisation du politique tout en la prolongeant paradoxalement dans sa manière représentative caricaturale ; parce qu’il participe à la dépolitisation de la chose publique au nom d’une critique exagérée de sa prétendue sur-médiatisation qui lui fait pourtant structurellement manquer les raisons sociales présidant à l’existence politique de Nicolas Sarkozy ; et parce qu’il envisage son récit à l’aune d’un irrésistible carriérisme dont la nécessité historique succombe aux pires clichés des visions historicistes, qu'elles soient bourgeoises ou staliniennes.

 

 

Raté dans ses grandes largeurs, piégé par sa propre ambition de montrer la face cachée du pouvoir actuel, La Conquête arrive à souffler malgré tout que l’agir politicien contemporain est porté par les miasmes du pire sexisme exhalés par un modèle patriarcal et sexiste bien massif dont le chœur médiatico-politique n’a de cesse de nous dire qu’ils sont l’expression habituelle et favorite des classes populaires (surtout d’ascendance migratoire et (post)coloniale). La grande-bourgeoisie elle-même n’échappe pas au mouvement de décivilisation d’une « dissociété » (Jacques Généreux) réalisée par la brutale imposition des politiques néolibérales dont ils sont pourtant les inspirateurs et les bénéficiaires. Mais seulement à court terme.

 

 

Samedi 28 mai 2011


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