Autres textes de cinéma de 121 à 130

 

La jeunesse de Nicolas Klotz se partage entre le rock (les goûts d'un garçon formé à la pratique de la batterie se partagent alors entre Robert Wyatt et Neil Young, mais aussi Joy Division et Public Image Limited), le ciné-club et le club de théâtre. C'est à cette triple source que s'originent les premières expériences en termes de programmation de films et de mises en scène théâtrales.

 

 

L'histoire de Ron Stallworth est non seulement vraie, mais elle est passionnante notamment parce qu'elle démarre sous les auspices d'une extraordinaire décision comme un coup de folie. Le cadet qui vient tout juste d'intégrer la police locale de Colorado Springs à la fin des années 1970 aspire alors à autre chose qu'au gardiennage gris des archives.

 

 

Dans l'hôtel Occidental, l'arrivée de deux clients à l'accent italien douteux alimente le soupçon de la part de sa tenancière, tandis que l'employée de la réception, romantique tendance bovaryque, y voit pour sa part l'occasion inespérée de nouvelles aventures sentimentales.

 

 

On est d'abord saisi par cette perception, d'une simplicité qui n'en est pas moins confondante, et dont la position inaugurale laisse beaucoup augurer : un travelling-avant déroulé depuis une voiture avale comme à son habitude la bande passante du paysage, mais les nuages forment un imprenable château blanc sur fond bleu qui, haut dans le ciel, semble quant à lui ne pas bouger.

 

 

C’est une histoire qui a commencé depuis fort longtemps, depuis tellement longtemps d’ailleurs que l’on n’aurait peut-être pas perçu à quel point elle continuerait autrement. Une histoire si vieille qu’elle en est imperceptible mais l’imperceptible est cependant cet impossible qu’il faut voir en sachant lire ce qui ne s’écrit pas entre ses lignes. Et c’est pourquoi il faut savoir tout ce qui participe à plisser et stratifier l’imperceptibilité elle-même en son impossible lisibilité.

 

 

Laura Palmer est morte – nouvelle Ophélie. La rivière en guise de linceul est ce voile paradoxal, voile impure d'eau mêlée de plastique qui à la fois cache et expose son humeur : la noyée risque d'engloutir en effet le monde tout entier sous les eaux pleines de sa peine – eaux grises jusqu'au grisant, eaux abondantes jusqu'au torrentiel.

 

 

À l'occasion d'une séance houleuse de la Convention nationale qui fonda en septembre 1792 la Première République française, l'intervention d'un parlementaire favorable à la monarchie constitutionnelle propose de mouler sa force de conviction dans la guise rhétorique de la métaphore suivante : pour que l'État français alors en grande difficulté, économiquement comme politiquement, puisse se redresser et se renforcer, il lui faudra savoir alors avancer en marchant à l'aide de ses deux jambes, avec un pied dans le parlementarisme et un autre dans le royalisme.

 

 

« On m’a parlé de peuples et d’humanité. Mais je n’ai jamais vu de peuples et d’humanité. J’ai vu toutes sortes de gens, étonnamment dissemblables. Chacun séparé de l’autre par un espace dépeuplé. ». La citation de Fernando Pessoa est l'exergue ouvrant La Permanence, les mots de l'écrivain portugais ouvrent d'emblée un espace, un site où accueillir les figures dépareillées et endolories du peuple qui manque ou fait défait. Ils sont l'annonce ouvrant une zone hospitalière où faire une place à ceux qui n'ont pas de place, aux zonards du dépeuplement en condition de la séparation affectant tout un chacun.

 

 

Un éclopé, borgne et unijambiste, veut tirer sa crampe avec la prostituée du coin, qui lui conseille déjà de se laver au moins la bite. Le personnage s'exécute fiévreusement en se savonnant, plein cadre, ses organes dans la première fontaine trouvée. Il revient pour comprendre que la prostituée lui a posé un lapin, hurle comme un chat de gouttière sa haine à la terre entière, et irrite suffisamment un voisin pour prendre la fuite afin d'éviter la castagne.

 

 

En temps de guerre, les corps manquent, les images aussi, l’absence grève de trous le présent. Le cinéma peut alors témoigner de cela, du peuple qui manque, de toutes les absences auxquelles il ne manque pas de rappeler qu'elles sont fondatrices, parce qu’elles sont au principe des puissances imaginales dont l’art du cinéma se porte le garant. Le cinéma peut également porter témoignage comme on porte plainte, pour que la plainte porte au-delà du seul registre juridique et victimaire, en faisant de la douleur subie non pas un pathos consigné dans une posture compassionnelle mais le sol craquelé d’une exigence infinie de justice.