Crise financière : Nationalisation du gaspillage

La bourgeoisie spécule et, après avoir engrangé les bénéfices au risque du chaos, elle sollicite les pouvoirs publics. L’éternel dindon de la farce capitaliste ? Le monde du travail qui est doublement ponctionné sur les richesses dont il est pourtant le seul créateur.

 

Krach boursier de 1987,crise immobilière de 1990, krach obligataire américain de 1994, crise financière internationale de 1997-1998, krach internet de 2000-2002, crise immobilière étasunienne et financière mondiale de 2007-2008. La crise des subprimes est donc le dernier avatar de la logique d’un capitalisme radicalisé par sa financiarisation.

 

Cette logique conduit au renforcement de l’exploitation de la force de travail, avec pour corollaires des salaires déconnectés des gains de productivité, une protection sociale rognée et un droit du travail détricoté. Circonstance aggravante : le report sur les denrées alimentaires des spéculateurs fuyant la crise des subprimes. Les effets de la crise financière se sont donc combinés avec la poussée du prix du pétrole et des produits alimentaires. Résultat, l’activité économique a reculé aux États-Unis comme en Europe. Ce qui signifie un écrasement des salaires, une augmentation de la précarité et du chômage, et une réduction de la consommation [1].

 

Bien que la crise soit partie des États-Unis, c’est paradoxalement l’Union européenne qui en souffre le plus à cause des contraintes antidémocratiques pesant sur la Banque centrale européenne (BCE). La Banque fédérale étasunienne (FED) a été capable de baisser ses taux d’intérêt, allant ainsi à l’encontre de son propre dogmatisme monétariste afin de soutenir l’activité économique.

L’UE, élève appliqué des EU ?

La BCE s’est elle servilement contentée de coller à la ligne libérale en relevant ses taux pour parer aux risques inflationnistes et prôner une monnaie forte, qui de fait obère les exportations et grève le déficit commercial. Aux États-Unis, jusqu’à cet été, c’est l’équivalent de 6,5 points de PIB financé par le déficit public qui a été injecté pour soutenir l’économie pendant que l’Europe se « contentait » de l’équivalent de 3 points, soit deux fois moins.


La banque anglaise Northern Rocks a due être nationalisée, les banques d’investissement étasuniennes Lehman Brothers et Merril Lynch ont été victimes, la première d’une faillite spectaculaire, l’autre d’une perte de 52 milliards de dollars.

Le roi capitaliste est nu !

Aux États-Unis, un sauvetage global des banques d’investissement pourrait coûter plusieurs milliards de dollars extirpés des caisses publiques [2]. Un rapport tout chaud produit par le Congrès étasunien évoque même la modique somme de 700 milliards de dollars, l’équivalent de quasiment la moitié du PIB français [3] ! Du coup c’est comme un « choc de confiance » qui est redonné aux spéculateurs, les échanges boursiers repartant à la hausse comme si rien n’avait eu lieu. Et dire que les possédants ne cessent pas d’expliquer doctement au bon peuple payeur que les caisses sont vides lorsqu’il s’agit des services publics…


Voilà toute l’hypocrisie des politiques néolibérales : elles ôtent de la démocratie le pouvoir de décider de la façon de produire et distribuer les richesses, dénigrent l’intervention publique, font l’éloge du marché autorégulateur afin de privatiser les bénéfices, mais lorsque l’échec de telles politiques est patent, l’Etat est sollicité pour collectiviser les pertes. Ce sont ainsi les salarié-e-s qui payent deux fois la note : sur les salaires, qui sont comprimés par la rente du capital et l’inflation, et sur les prélèvements fiscaux qui, au lieu de permettre des dépenses d’utilité sociale, iront relancer la machine capitaliste.


mondediplo.net


[1] AL de mai, juin et été 2008.

[2] Dossier « Et maintenant… La crise acte II » in Alternatives économiques n° 272, août 2008.

[3] Blog de Frédéric Lordon, La Pompe à phynance


22 décembre 2008


Texte tiré de : http://www.alternativelibertaire.org/?Crise-financiere-Nationalisation


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