Nouvelles du front de 81 à 90

Il est devenu urgent de lire ou relire l’œuvre d’Antonio Gramsci tant sa pensée critique est actuelle et en capacité d’éclairer les contradictions de notre temps.

 

Pour l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et qui a pu devenir française, alors qu’un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité française, même si elle peut être née en France).

 

1/ « L’immigration concerne uniquement les pays développés » est la première idée fausse. 

Selon les Nations Unies, 175 millions de personnes résident officiellement dans un pays qui n’est pas celui de leur résidence, soit 3 % seulement de la population mondiale. Si le nombre de migrants a plus que doublé depuis 1975, 60 % d’entre eux habitent dans les pays riches et 40 % dans les régions pauvres du globe.

 

1/ Les travaux pionniers d'Abdelmalek Sayad (1), ce chercheur en sciences sociales d’origine algérienne, disciple et ami du sociologue Pierre Bourdieu, ont montré le caractère exemplaire de l’immigration algérienne en France. Les émigrés sont les « produits et victimes de cette double histoire » : histoire de la colonisation et de l’émigration-immigration. En approfondissant la dimension politique dans la reconstruction historique de la migration, le sociologue explique que l’immigration va favoriser l’éveil d’une conscience politique et sociale (mouvement associatif, syndicalisation, développement d’idées politiques dont le nationalisme).

 

 

Pourquoi le nouvel ouvrage de notre camarade Alain Bihr publié dans la collection « Empreinte » des éditions Page 2 s'appelle-t-il Les Rapports sociaux de classes et non pas Les Classes sociales ? La réponse est donnée en page 16 de son livre : « En un mot, la structure de classes (l'ensemble des rapports entre les classes) est déterminante à l'égard de l'être (des propriétés) et du faire (des pratiques) des différentes classes (…) qui ne sont en définitive que les produits de ces rapports, (…) que la personnification de ces rapports ».

 

 

Genre et rapports sociaux de sexe du sociologue Roland Pfefferkorn (également publié dans la collection « Empreinte ») commence là où finit Rapports sociaux de classes de son ami Alain Bihr. Si une même perspective marxiste unit les deux brillantes synthèses proposées, Roland Pfefferkorn insiste quant à lui moins sur la surdétermination des rapports sociaux de production capitaliste sur l’ensemble des rapports sociaux, que sur la spécificité des rapports sociaux de sexe.

 

Comme une courte mais intense giboulée, une trombe d'eau qui, paradoxalement, vous essore, vous sèche. Comme une sournoise déjection canine sur laquelle vous glissez, au risque de déraper, de flancher, peut-être de tomber. Parfois, le racisme vous tombe dessus, sans prévenir. Comme toujours. Bien sûr, vous n'ignorez pas qu'en tant qu'enfant de parents d'origine algérienne et donc « d'ascendance migratoire et coloniale » (pour reprendre la bonne terminaison de la sociologue Nacira Guénif-Souilamas), vous êtes forcément susceptible d'être le destinataire à répétition de signes relevant d'attitudes racistes à votre égard, et dont la banalisation informe indubitablement de sa domination en tant que rapport social systémique. 

 

Le texte de Giorgio Agamben intitulé "L'état d'exception" qui fut publié dans Le Monde (12 décembre 2002) et traduit de l'italien par Martin Rueff est une bonne introduction à l'un des gestes philosophiques les plus importants de notre temps (cf. Des nouvelles du front cinématographique (48) : Essential Killing de Jerzy Skolimowski ; Des nouvelles du front cinématographique (52) : The Tree of Life, le vert paradis de Terrence Malick (seconde partie)). En effet, il s'agit moins chez le philologue Giorgio Agamben de révéler de manière archéologique les soubassements historiques (le droit romain et médiéval par exemple) des philosophies juridiques déterminant le fonctionnement des Etats occidentaux d'hier et d'aujourd'hui, que d'insister sur la part obscure ou maudite des juridictions étatiques.

 

Dans son grand roman inachevé intitulé L’Homme sans qualités et dont le premier tome parut en 1930, l’écrivain d’origine autrichienne Robert Musil écrivait ceci : « On reconnaît les villes à leur démarche, comme les humains » (in L’Homme sans qualités, nouvelle éd. Seuil, 2004, tome 1, § 1, p. 27). C’est un peu le sujet de l’exposition « Circuler – Quand nos mouvements façonnent les villes » proposée, depuis le 4 avril dernier jusqu’au 26 août prochain, par la Cité de l’architecture et du patrimoine sise au Palais de Chaillot dans le 16ème arrondissement de Paris, à côté du Trocadéro.

 

Le remplacement de Nicolas Sarkozy par François Hollande au plus haut sommet de l’État allait-il forcément entraîner une rupture avec l'entreprise capitaliste de pillage généralisé de la société ? Beaucoup à gauche y ont cru, malgré des signes patents délivrés donnés à l'occasion de la pathétique "primaire socialiste" (Rions un peu : les propositions « primaires » des candidats « socialistes »). Quatre mois après, le bilan est d'ores et déjà terrible, résumable ainsi : rien de nouveau sous le soleil brûlant de l'austérité.