Nouvelles du front de 91 à 100

La perspective développée par la chercheuse en philosophie et sciences politiques et militante féministe étasunienne Nancy Fraser nous permettra de soutenir ici la réaffirmation de l'urgence pour aujourd'hui d'une politique de l'émancipation et de la justice sociale reposant sur un agencement des deux paradigmes (l'égalité et la différence) trop longtemps vécus en opposition ou en concurrence. 


Le 18 mars 1962 à Evian-les-Bains en Haute-Savoie, était signée la « déclaration générale des deux délégations » représentant d’une part le gouvernement français et de l’autre le Front de Libération Nationale. Plus connu sous le nom d’accords d’Evian, ce texte officialise le cessez-le-feu entre les deux camps belligérants en mettant un terme à une « guerre sans nom » qui a coûté la vie à environ 300 000 Algériens, 28 500 militaires français, 10 000 harkis et environ 5 000 civils européens. Confirmés du côté français par le référendum du 8 avril 1962 autorisant Charles de Gaulle à en assurer l’application sur le territoire métropolitain, ces mêmes accords l’ont été une seconde fois du côté algérien avec le référendum d’autodétermination du 1er juillet 1962 accordant des dispositions semblables au nouvel État.


L’intérêt de Marina Abramovic – The Artist Is Present, le documentaire de Matthew Akers et Jeff Dupre produit en 2012 pour HBO et consacré à l’artiste contemporaine Marina Abramovic, est relativement limité tant son caractère apologétique nuit à toute velléité de problématisation d’un geste qui n’en demeure pas moins parmi les plus passionnants de l’art corporel, contradictions comprises. Il faut dire que le documentaire en question s’inscrit explicitement dans l’entreprise stratégique de consécration artistique entreprise par Marina Abramovic et son entourage à l’occasion de l’immense rétrospective organisée au Museum of Modern Art (MoMA) de New York du 14 mars au 31 mai 2010.


Mouvement des « pigeons », rapport Gallois, appel du Medef à plus de flexibilité... Le patronat fait feu de tout bois, assaillant le gouvernement PS de nouvelles exigences en termes de profitabilité. Pourquoi agirait-il autrement, sachant pertinemment que la préférence du capital au travail détermine la politique économique du couple Hollande-Ayrault ?


On le connaît par cœur, le discours réactionnaire visant à discréditer la dépense sociale. Tantôt en rabattant l'assurance sociale sur l'assistance et celle-ci sur l'assistanat (c'était l'option Wauquiez). Tantôt en surenchérissant sur la « fraude sociale » afin de délégitimer la protection sociale dès lors considérée comme un coût trop lourd à supporter à l'heure de la concurrence mondiale, de la crise de la dette et de l'obligation européenne des équilibres budgétaires (c'est l'option de toute l'UMP). 


Alexis Spire est directeur de recherches au CNRS. Avec Nicolas Delalande, il avait déjà publié une Histoire sociale de l’impôt à la collection « Repères » des éditions La Découverte en 2010 qui montrait comment l’histoire de la construction de l’Etat-nation français est indissolublement liée à la problématique de la fiscalité. L’étatisation de la société française (pour parler comme l’historien Gérard Noiriel) a également signifié l’extension historique de la monétarisation des richesses sociales sous la forme de leur fiscalisation, avec la multiplication de nouvelles catégories de contribuables depuis 1945.


Promesse tenue : la Révision générale des politiques publiques (RGPP) de la droite, c’est fini. À la place, la Modernisation de l’action publique (Map) doit « améliorer la qualité des services publics dans un contexte plus contraint ». Autrement dit, faire plus en dépensant moins. La différence avec la RGPP ? Le changement de nom surtout.

 

Mirna Safi est une sociologue affiliée à Sciences Po Paris. Conjuguant participations à l’Observatoire sociologique du changement et recherches au Laboratoire de sociologie quantitative du CREST (Centre de Recherche en Economie et Statistique), elle travaille en particulier sur les questions de ségrégation ethno-raciale et de discriminations. L’ouvrage de synthèse qu’elle vient de publier pour la collection « Repères » des éditions de La Découverte est une admirable introduction proposant la perspective analytique et conceptuelle à partir de laquelle rendre compte des inégalités ethno-raciales.


Une convention collective protégeant enfin les techniciens du cinéma de la norme du moins-disant salarial ? Oui disent les syndicats majoritaires, à savoir la CGC et la CFTC, mais aussi et surtout 3 syndicats FO, 3 syndicats CGT plus le SNTPCT (Syndicat National des Techniciens et Travailleurs de la Production Cinématographique et de la Télévision) ! Non leur répondent la CFDT et les auteurs et producteurs indépendants qui voient dans la signature opportuniste du syndicat non-représentatif des gros producteurs (l’API) favorable à l’application de cette convention un durcissement de la concurrence et une menace pour la liberté de crée ! Décryptage.


Tahrir, Puerta del Sol, Syntagma, Rothschild, Zucotti Park : ces noms parmi d'autres désignent aujourd'hui moins des lieux publics appartenant aux grandes cités internationales que sont Le Caire, Madrid, Athènes, Tel-Aviv et New York qu'ils forment la constellation nommant un nouveau cycle mondial de luttes impulsé depuis la fin de l'année 2010 et succédant aux mouvements altermondialistes qui avaient marqué la fin des années 1990 et le début des années 2000 et s'étaient depuis quelque peu essoufflés. D'abord en Tunisie à la fin décembre 2010 puis en Égypte en janvier 2011, ensuite en Espagne en mai puis en Grèce en juin, en passant par l'occupation au printemps du Capitole de Wisconsin aux États-Unis, les mouvements sociaux israéliens et les émeutes urbaines anglaises durant l'été, ainsi que les premières tentes du mouvement Occupy Wall Street en septembre 2011, des processus d'auto-émancipation populaires se sont donc mis place qui, malgré leurs différences, méritent une approche analytique globale.