Pigeons et vautours : les patrons donnent le ton

Texte tiré de : http://www.alternativelibertaire.org/?Pigeons-et-vautours-Les-patrons

 

Mouvement des « pigeons », rapport Gallois, appel du Medef à plus de flexibilité... Le patronat fait feu de tout bois, assaillant le gouvernement PS de nouvelles exigences en termes de profitabilité. Pourquoi agirait-il autrement, sachant pertinemment que la préférence du capital au travail détermine la politique économique du couple Hollande-Ayrault ?

 

Le 28 septembre dernier, des patrons issus du milieu des start-up se mobilisent sur Internet sous le nom de « pigeons » contre le projet de loi de finances devant intégrer au barème de l’impôt sur le revenu les plus-values de cessions mobilières. Cette excitation provient d’une frange patronale qui a débordé ses représentants habituels (Medef et CGPME), d’abord pour dire non à l’augmentation des « charges » des auto-entrepreneurs, ensuite et surtout pour refuser l’augmentation de la taxation des plus-values lors de la revente de parts de société. Le recul de Bercy prouve que seule la lutte paie... pour ces faux « pigeons » de la « net-économie » ! Les slogans qui appuyaient cette mobilisation patronale, du type : « Ils ne se syndiquent pas. Ils ne manifestent pas. Ils ne menacent pas. Ils ne posent pas de bombes. Ils préfèrent créer de la richesse », expriment la haine sociale de ceux qui n’ont aucune vergogne pour affirmer que le vent de la lutte des classes souffle dans leur sens.

 

Les faux « pigeons » du patronat

 

Nommé commissaire à l’investissement depuis le 6 juin, Louis Gallois a remis le 5 novembre son fameux rapport titré « Pacte pour la compétitivité de l’industrie française » [1]. Le document de 74 pages défend 22 propositions au nom d’un « choc de compétitivité » ou « choc de confiance » qui se traduit notamment par le transfert d’une partie des cotisations sociales vers la fiscalité (30 milliards d’euros). L’ex-patron de la SNECMA (1989), d’Aérospatiale (1992), de la SNCF (1996) et d’EADS (2007), qui bénéficie de jetons de présence dans divers conseils d’administration (Thalès, Air France) et qui touche un salaire annuel de plus de 2 millions d’euros, est désormais payé avec nos impôts par le gouvernement pour que celui-ci s’auto-administre la leçon de la productivité évidemment conforme au TSCG adopté en octobre dernier. La fiscalisation du financement de la protection sociale couplée à la préconisation de la baisse des dépenses publiques implique mécaniquement l’augmentation des impôts les plus injustes comme la CSG et la TVA. En même temps qu’elle exproprie les salariés de la gestion de leur propre richesse sociale, la fiscalisation décharge les patrons de ce qu’ils doivent aux travailleuses et aux travailleurs qu’ils exploitent en faisant raquer les ménages.

 

Les vrais pigeons du patronat, c’est nous !

 

À cela s’ajoutent la pérennisation de dispositifs fiscaux favorisant les PME ainsi que le bénéfice de crédits impôt-recherche sans obligation de création d’emplois. À la promotion d’une « stabilité fiscale » des entreprises répond enfin le désir d’une « démocratie sociale à l’allemande ». Autrement dit le modèle social d’une cogestion consensuelle avec des syndicats domestiqués. La politique économique et industrielle du pays est bel et bien entre les mains des patrons décidés à pigeonner le salariat. Et ce n’est pas fini : aux dernières nouvelles (20 novembre), Laurence Parisot appelle « à l’unité au service de l’économie » en demandant un surcroît de flexibilité...


[1] Consultable sur le site gouvernement.fr

 

02 janvier 2013


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