Casey : le rap comme contre-attaque politique

 

Casey a débuté le rap à 13-14 ans en 1989, au moment où le rap était encore chose rare. Après avoir fait partie du groupe « Spécial Homicide » elle a fondé ensuite le collectif Anfalsh avec Sheryo, Prodige, B. James et Navea.

 

Son écriture est basée sur des principes caractéristiques (assonances, sonorités proches), et le style limpide et tranchant permet de donner le ton et de faire entendre le plus clairement ce qu'elle a à dire : « Ma parole est mise en péril - ou passe pour stérile - par ceux qui n'attendent de moi qu'un profil servile ». (« La parole est mienne »)

 

Pour elle, le rap est « encore le dernier endroit où les exclus, les laissés-pour-compte et les sans voix peuvent à peu près dire ce qu'ils vivent. » (Interview dans Ça Bouge, No. 76 en octobre 2006). Sa logique ne relève donc pas du rap commercial et médiatique, comme le prouvent de nombreuses participations à plusieurs mix-tapes avec des groupes ou des rappeurs minoritaires ou alternatifs tels La Contrebande, Faouzi Tarkhani ou La Rumeur (dont l'un des membres, Hamé, n'a pas cessé dernièrement d'être traîné en justice par Sarkozy pour avoir dit la vérité sur les brutalités policières).

 

Alors que sa musique donne à entendre des ambiances électriques et urbaines, ses textes témoignent d'un sens acéré de la formule et sont animés par une colère déterminée socialement. Casey met des mots là où saignent les blessures causées par la violence économique et étatique. Les problèmes raciaux sont pour elle des problèmes sociaux. Ainsi elle raconte le sort des victimes de cette forme de double peine que sont l'exploitation et le racisme (« Travail de nègre »). Plus généralement c'est la violence sociale et policière régnant dans les quartiers populaires qu'elle décrit frontalement (« Ennemi de l'ordre », « L'Exclu », « Le Fusil dans l'étui »). Antiracistes et anticolonialistes (« Dans nos histoires »), hantées par la question sociale et l'héritage obscur du colonialisme français, ses chansons sont de fait très engagées politiquement. La violence cinglante de ses propos, bruts de décoffrage, montre le malaise vécu par ceux qui comme elle habitent dans les quartiers de la relégation sociale (elle est originaire de la Martinique et réside au Blanc-Mesnil).

 

Son album, Tragédie d'une trajectoire est sorti en novembre 2006.

 

Discographie :

  • Ennemi de l'ordre (maxi CD) - 2006
  • Tragédie d'une trajectoire (album) - 2006
  • Hostile au stylo (rétrospective de sa carrière) - 2006

 

Elle apparaît également sur :

  • Boo Graz, hommage - 2000
  • Guerrier pour la paix : Faouzi Tarkhani - 1999
  • L'Ombre sur la mesure : La Rumeur - 2002

 

Dimanche 12 octobre 2008


Écrire commentaire

Commentaires: 0