Relectures de Marx (II) : La logique méconnue du "Capital" par Alain Bihr

 

Le nouvel ouvrage d'Alain Bihr, notre camarade de A contre-courant, initie une nouvelle collection aux éditions Page 2, « Empreinte », dédiée aux outils théoriques critiques du capitalisme. D'une densité remarquable, La Logique méconnue du « Capital » réussit le tour de force de présenter en 122 pages les enjeux de l'opus magnum de Karl Marx. Bousculant les principales idées reçues concernant ce livre capital, Alain Bihr montre que nous avons affaire à une œuvre inachevée, loin du monument consacré par le marxisme, et largement méconnue dans sa rédaction comme son contenu. L'introduction rappelle le processus difficile au terme duquel Marx, installé à Londres en 1850, a écrit un livre d'économie politique qui n'a jamais cessé d'être en même temps une critique de cette discipline.

 

Multipliant les contributions, Marx, occupé par ses activités au sein de l'Association Internationale des Travailleurs, achève le Livre I du Capital en 1867. Les trois livres suivants étant des montages de manuscrits réalisés après sa mort en 1883, par Engels puis Kautsky. Le Capital est donc une œuvre hétérogène que Bihr relit minutieusement, livre par livre, du développement de la production capitaliste à son procès d'ensemble, en insistant sur la méthode originale appliquée par Marx : « s'élever de l'abstrait au concret ». En effet, le capital est d'abord un rapport social mystificateur renversant la réalité de l'exploitation de la force de travail par la classe des capitalistes en autonomie des marchandises, comme animées d'une vie propre. C'est la fameux fétichisme de la valeur, produit d'un long processus historique d'expropriation et de réification qui a abouti à faire de l'argent le grand équivalent général, du travail vivant une abstraction mesurable, et du capital une accumulation gigantesque de travail mort.

 

La « formule trinitaire » capitaliste, capital, propriété foncière et travail, induit une discordance généralisée déterminant luttes de classes et crises répétitives d'un système dont la finalité est sa propre reproduction. La domination actuelle du capitalisme prouve la contemporanéité et la valeur émancipatoire du Capital.

 

19 avril 2011

 

 

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