Nouvelles du front de 91 à 100

Jeanne d'Arc et Vampyr de Dreyer

 

Quand Carl Theodor Dreyer met en chantier Vampyr (sous-titré dans sa version française L’Étrange aventure de David Gray), il est un cinéaste amplement reconnu. Ce sont ses premiers long-métrages danois, Le Président (réalisé en 1918 mais sorti en 1920) et Pages arrachées au livre de Satan (1919). Ce sont ses autres longs-métrages scandinaves, les suédois La Quatrième alliance de Dame Marguerite (1920) et Il était une fois (1922), ainsi que le norvégien Les Fiancés de Glomdal (1925). Ce sont aussi ses deux films réalisés en Allemagne, Les Déshérités ou Aimez-vous les uns les autres (1922) et Michaël (1924), jusqu’à son dernier film alors en date tourné en France, La Passion de Jeanne d’Arc (1927).

 

 

Foxfire, confessions d'un gang de filles de Laurent Cantet, Spring Breakers de Harmony Korine et The Bling Ring de Sofia Coppola

 

« Toutes les recherches ont montré que la violence masculine était la plus répandue, mais on ne peut ignorer la violence exercée par les femmes, à l'encontre d'elles-mêmes, sur d'autres femmes, sur les enfants et plus rarement sur des hommes » fait remarquer la démographe Maryse Jaspard, la chercheuse qui a assuré la direction scientifique de la première enquête statistique (ENVEFF) concernant pour la France la violence perpétrée à l'encontre des femmes (in Les Violences contre les femmes, éd. La Découverte-coll. « Repère », 2005, p. 98). L'ignorance de la réalité de la violence des femmes, qu'elle résulte de la méconnaissance répandue sur le sujet ou bien qu'elle soit déterminée par des phénomènes plus ou moins intéressés de déni, renseignerait autant sur l'euphémisation de la violence que les femmes subissent que sur l'invisibilisation de la violence « réactionnelle » (opus cité, p. 100) des victimes de la domination masculine qui, violence réactive des dominées violentées, demeure fondamentalement « asymétrique » (idem).

 

 

Paradis (Amour, Foi et Espoir) d'Ulrich Seidl

 

A l’occasion d’une conversation riche d’enseignements entre André S. Labarthe et Jean-Louis Comolli publiée dans la revue Images documentaires consacrée à « la place du spectateur », le second retient des propos du premier qui s’appuie entre autres sur Jean Renoir, André Bazin et Jacques Rivette pour préciser sa pensée que « l’enjeu c’est de faire bouger cette place du spectateur, ce n’est pas seulement qu’il soit actif, c’est qu’il soit mobile » (Images documentaires n°31, 2ème trimestre 1998, p. 10). Si, depuis l’invention du cinématographe par les frères Lumière, et ainsi que l’avance André S. Labarthe, « le réalisateur de cinéma a pris la place du spectateur de théâtre » (idem) pour cause de l’invention du découpage notamment, toute l’histoire du cinéma consisterait alors à lui redonner autrement ce pouvoir perdu qui serait donc celui de la fabrique du sens de l’œuvre parce qu’il n’appartient pas en propre au seul réalisateur.

 

  • Nouvelles du front cinématographique (94) et (95) : Hollywood, entre marchandises spectaculaires et prescriptions idéologiques partie 1 et partie 2

 

Le Hobbit de Peter Jackson, Oz de Sam Raimi, Twilight 5 de Bill Condon, Cloud Atlas de d'Andy, Lana Wachowski et Tom Tykwer, Jurassik Park de Steven Spielberg, Iron Man 3 de Shane Black, The Wolverine de James Mangold, Man of steel de Zack Snyder, Star Treck : into darkness de J. J. Abrams, After Earth de M. Night Shyamalan, Pacific Rim de Guillermo del Toro et World War Z de Marc Forster

 

Resterait-il un peu d’espace, au sein de l’industrie cinématographique hollywoodienne contemporaine, pour des films qui ne relèveraient ni du genre du film de super-héros ni de celui de la fantasy ? Oui, si l’on songe aux sorties récentes de films aussi différents, ambitieux et diversement réussis que Life of Pi d’Ang Lee, Django Unchained de Quentin Tarantino, Lincoln de Steven Spielberg et Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow (voire The Master de Paul Thomas Anderson et Spring Breakers de Harmony Korine pour mentionner des productions certes indépendantes des vieux studios mais ayant pu relativement bénéficier des circuits de promotion et de diffusion hollywoodiens). Mais ces films, héritiers plus ou moins avoués de l'esprit libertaire et critique du  « Nouvel Hollywood » à l'époque des années 1970, occupent aujourd'hui un espace clairement devenu minoritaire.

 

  • Nouvelles du front cinématographique (96) et (97) : Lussas 2013 partie 1 et partie 2

 

Le Dernier des injustes de Claude Lanzmann, Trois sœurs du Yunnan de Wang Bing, Sur les braises de Bénédicte Liénard et Mary Jimenez, Narmada de Manon Ott et Grégory Cohen, Visages d'une absente de Frédéric Goldbronn, La Part du feu d'Emmanuel Roy, La Chasse au snark de François-Xavier Drouet, A ciel ouvert de Mariana Otero et Géographie humaine de Claire Simon

 

Avec le Cinéma du Réel (organisé par la Bibliothèque Publique d'Information depuis 1978) et le Festival international du Documentaire de Marseille (actif depuis 1989), les États Généraux du film documentaire de Lussas en Ardèche (également institués en 1989) représentent l'autre grande manifestation française (au rayonnement international) annuellement consacrée à la défense et la valorisation du cinéma documentaire. Non pas pour attester de l'existence minoritaire d'une niche élitaire dont l'exception devrait être préservée puisqu'elle ne bénéficie que très peu des capitaux qui sont massivement injectés dans l'industrie supposée plus rentable du cinéma de fiction.

 

  • Nouvelles du front cinématographique (98) et (99) : la rentrée cinéma 2013 partie 1 et partie 2

 

La Bataille de Solférino de Justine Triet, Grand Central de Rebecca Zlotowskiau, Tirez la langue, mademoiselle d’Axelle Ropert, Tip Top de Serge Bozon, Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté, Gare du nord de Claire Simon, Jimmy P d’Arnaud Desplechin, Behind the Candelabra – Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, Blue Jasmine de Woody Allen, La Danza de la realidad d'Alejandro Jodorowsky, Moi et toi de l’italien Bernardo Bertolucci, Annonces de l’israélienne Nurith Aviv et Leviathan de l’anglais Lucien Castaing-Taylor assisté de Verena Paravel

 

La rentrée demeure une occasion privilégiée pour apprécier les lignes de force, de partage, sinon de fracture, innervant en surface comme en profondeur le paysage cinématographique. La rentrée comme terme du repos estival (la fin du mois d’août) et retour à l’offensive des affaires capitalistes (de septembre jusqu’à début octobre) équivaudrait à poser pour le cinéma la question de l’actualité, en même temps qu’il faudrait demander à l’actualité quels effets de domination, de hiérarchisation et de relégation elle exerce sur les films rejetés graduellement, à la mesure de ce qu’ils pèsent (ou ne pèsent pas), dans les marges d’une inactualité synonyme d’invisibilité.

 

 

Le Congrès d’Ari Folman et Elysium de Neill Blomkamp

 

Pourquoi s'intéresser à la science-fiction, sinon pour interroger l'existant à partir de projections imaginaires situées dans un futur plus ou moins proche ? Pourquoi s'y intéresser, sinon pour envisager depuis un futur hypothétique les ferments utopiques ou dystopiques qui appartiennent plus ou moins imperceptiblement à notre présent convulsif ? « En effet, sciences et SF questionnent, toutes deux, le réel. D'un côté, les sciences produisent des modèles et des théories décrivant notre monde et ses phénomènes, construits grâce à des expériences, des observations et des raisonnements abstraits. De l'autre, la SF, à l'origine ''scientifiction'', puise son inspiration dans les sciences. Elle les met en scène et s'intéresse aux conséquences de leurs progrès dans le monde réel.